EVANGILE selon saint Jean (Jn 3, 14-21)
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème :
« De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.
Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »
COMMENTAIRE
Devant le danger et le malheur, vers quoi ou vers qui tournons-nous le regard ? Sur la route, certains jettent un coup d’œil implorant vers quelques figurines accrochées au rétroviseur.
D’autres, à la maison, lèvent les yeux au plafond. Qu’il tombe sans pouvoir se relever, qu’il ne puisse faire ce qu’il veut, l’enfant relève la tête et crie vers sa mère ou son père : ils sont plus grands que lui, ils sauront le délivrer et l’aider.
Sous la conduite de Moïse, le peuple agit de même au désert : il lève les yeux vers l’image d’un serpent guérisseur (le caducée !), fait de bronze, pour être guéri des morsures de reptiles venimeux (Nb 21,4-9). Mais en se tournant vers cet objet providentiel, le serpent de bronze, le peuple se convertissait, il se repentait de ses révoltes contre Dieu et reconnaissait en lui son unique sauveur.
Nos pères dans la foi nous ont transmis de génération en génération ce réflexe : fixer la croix sur nos murs, dans les églises, dans les maisons, aux carrefours des campagnes, (en Basse Normandie j’ai découvert les calvaires à certains carrefours, calvaires qui n’existaient pas dans le diocèse de Créteil. Mais il y a des ronds-points!
Et pour le croyant élever les yeux vers Celui qui y est fixé. Qu’il y soit représenté dans le dénuement extrême du supplicié, ou dans la gloire du ressuscité, Jésus en croix est le signe permanent de notre salut, qui est retournement de tout échec, chute et mort : – la croix était un supplice dégradant, elle devient un passage vers la gloire céleste.
La croix était une mise à mort, elle devient passage vers la vie nouvelle,
La croix était une condamnation, elle devient passage vers la Justice de Dieu,
La croix était enveloppée de ténèbres (Mc 15,33), elle a fait venir la Lumière de Pâques,
La croix signifiait l’échec du Prophète et la dispersion de sa communauté, elle donne naissance à un peuple nouveau.
Alors, Jésus serait-il « la solution à tous les problèmes », de nos vies ? Oui, mais par la foi, non par l’inertie.
Croire, c’est suivre le Christ, marcher derrière lui, lui être associé, accueillir sa parole, manger le pain rompu : Bref porter sa croix (celle des pandémies, des guerres) sur la route de Pâques n’est pas facile « Tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. »
Lever les yeux vers la croix, dans nos églises et nos maisons, devient ainsi un réflexe pascal : c’est accueillir la force et la lumière du Ressuscité en nous et autour de nous.
Ce dynamisme, qui est l’œuvre de Dieu, nous met ensemble à contribution, pour retourner toute détresse humaine, tout égarement, tout échec, en relèvement.